Insigne de l'association des Evadés de France

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août 07

Le TEXTE , certaines PHOTOS et les DOCUMENTS appartiennent à Monsieur R.DEGEN.


« Octobre 43, De Besançon à Londres,

en passant par l'Espagne...»,  d'après les écrits du


Colonel Roger DEGEN


Besançon, Toulouse Saléchan, St Béat, Bosost, Lerida, Malaga


Durant mon séjour en Espagne, je n'ai connu ni la prison, ou si peu, ni le sinistre camp de Miranda où tant d'évadés ont souffert de la faim et de mauvais traitements. En résidence surveillée, j'ai pu bénéficier du minimum vital, cela m'a certainement sauvé la vie. En effet, mes vingt kilomètres à pied, effectués complètement trempé après ma chute dans un torrent n'ont pas été sans conséquences pour ma santé.

Dès le début de mon séjour à Lerida, j'ai ressenti les premiers symptômes d'ennuis pulmonaires. Ayant de la température tous les soirs, éprouvant des difficultés pour inspirer, une capacité pulmonaire qui diminuait, avec des douleurs au côté, je serai soigné successivement, pour paludisme, ensuite coliques hépatiques, finalement expédié d'urgence sur l'hôpital Maillot d'Alger, où je resterai 3 semaines sans être soigné.

Il faut dire qu'à cette époque, les blessés rapatriés d'Italie, et c'est normal, étaient prioritaires.


Avec quel soulagement j'ai revêtu l'uniforme, sorti de l'étuve, complètement fripé, pour rejoindre le quartier de Vitrolles, en haut d'Alger, que je quitterai peu après pour une convalescence de deux mois avec contrôle radio périodique. C'est la Croix Rouge française qui me placera à la ferme Jenoudet près de Margueritte à 900 mètres d'altitude au pied du Zaccar.


La propriétaire, âgée de 83 ans, seule Européenne entourée d'ouvriers agricoles indigènes, arrivée jeune mariée en 1883, avait vécu le rezzou de Margueritte peu après et m'a dit n'avoir eu la vie sauve que grâce à la profession de foi mahométane : elle me l'apprend pratiquement dès mon arrivée !


Là, considéré comme étant de la famille, je serai choyé par cette dame extraordinaire qui évoquait ses promenades dans le jardin du Luxembourg, au bras de sa gouvernante, en attendant son oncle, dernier ministre de la justice de Napoléon III, occupé au Sénat tout proche. Que de découvertes pour moi : des lettres authentiques de Lamartine et de Victor Hugo, celle des explorateurs Foureau et Lamy remerciant la famille Jenoudet pour leur accueil alors qu'ils commençaient leur périple en direction du lac Tchad où ils devaient périr.


Dans cette ferme, relais de poste sur la route d'Alger à  Oran, s'était arrêté Villain, le meurtrier de Jean Jaurès, amené sous  bonne escorte jusqu'à Sidi-Bel-Abbès, le fief de la Légion étrangère  après l'attentat du 31 juillet 1914 à Paris.


La bonne nourriture associée à un excellent vin, une gymnastique respiratoire appropriée, des promenades à cheval (barbe race arabe) me remettront sur pieds et me permettront d'obtenir mon certificat d'aptitude au personnel navigant.

Nul doute aussi que le service rural obligatoire de deux mois dans une ferme en juillet et août 1943 où l'on mangeait à sa faim tout en travaillant dur, m'a permis d'aborder dans les meilleures conditions possibles, l'aventure des Pyrénées et de surmonter la maladie.

1 400 Français seront logés dans les arènes de Malaga. Personnellement, j'échouerai dans le tauril avec des bottes de paille pour endiguer l'eau qui, les jours de pluie, dégringole des gradins pour s'engouffrer par la grille aménagée dans le plafond.

J'embarquerai le 29 décembre sur le Gouverneur Lépine, cargo moutonnier poussif qui, avec le Sidi-Brahim, achemineront en convoi jusqu'au Maroc les 1 400 Français, échangés chacun contre un sac de farine ou un sac d'engrais, avec le gouvernement espagnol.


Je débarquerai le 30 décembre 1943 dans le port de Casablanca après avoir vécu le moment inoubliable du lever des couleurs au large de Gibraltar, nos deux bateaux étant escortés d'unités de la marine anglaise dont les marins nous saluaient en agitant leur bonnet, hurlant des "hip ! hip ! hourrah" !!

A partir de là, commence une nouvelle aventure qui se poursuivra avec le départ pour la GRANDE BRETAGNE en septembre 1944.

Roger DEGEN, St Aygulf, avril 2007, Debout derrière son épouse.

Après le passage par l'Espagne



Janvier 1944: Engagé dans l'Armée de l'Air à mon arrivée au camp de Mediouna.


Mai 1944: S/Lieutenant CPPN de Casablanca (Centre de préparation du personnel navigant) adjoint au commandant de la brigade EAR.


09/09/1944 Départ pour la Grande Bretagne et chef d'un détachement de 109 élèves du personnel navigant et non navigant.

Ecoles de pilotage et de navigation bombardement.


Retour en France en janvier 1946


1946 Navigateur sur B26 Marauder, groupe Franche Comté à Blida. Centre d'instruction des équipages de transport de Toulouse.


1947-1948 Groupe 1/61 Touraine à Orléans Bricy. Départ pour l'Indochine en mai 1947 au groupe Anjou. Retour en juillet 1948 au groupe Touraine à Orléans. Participe en septembre et octobre au Pont aérien de Berlin


Nota: Pour en savoir plus sur le Pont aérien, c'est ici...


1949-1953 Leader navigateur au groupe Touraine à Orléans. Départ avec 30 C47 Dakotas pour l'Indochine en Septembre 1952. Retour le 6 mars 1953


1953-1955 A l'issue du concours de l'Etat-major, affecté au 3eme Bureau de l'Etat-major de l'Armée de l'Air. Section Photo Reconnaissance, champ de tirs.


1955-1957 Ecole de pilotage de Marrakech. Formation pilote Bimoteurs à Avord.


1957-1960 Chef de la division Instruction sol et Directeur des Etudes. Commandant


1960-1962 Commandant le groupe Saharien de reconnaissance et d'appui n°78 à Colomb Bechar. Parc: 20 avions C47, Broussard et 6 hélicoptères.


1962-1965 A sa création, commandant le PCAM (Poste de Commandement Air Mobile) adapté à la 11e division d'intervention à Pau.


1965-1967 Après le retrait de la France de la partie militaire de l'OTAN, à la création du poste, chef du 2e bureau de la force Aérienne tactique à Metz Frescaty. Lieutenant- Colonel


1967-1969 Commandant de la base aérienne de Berlin-Tegel


1969-1975 Attaché de l'Air près l'Ambassade de France à Bonn (8 mois fin 1972-1973 Colonel Attaché des forces Armées par intérim)


1976-1986 Ingénieur conseil dans une société de gestion des frais d'Energie GFE 16 avenue Victor Hugo à Paris.


Brevet de navigateur n°6737 du 15/11/1946

Licence Commandant d'avion du 1/12/1948

Brevet de pilote n°37293 du 27/06/1954

367 missions de guerre n°2 en 858 heures de vols

Heures de vol : totalise 5830 h de vol, dont 3154 comme pilote et 2176 comme navigateur.


Décorations Françaises

Officier de la Légion d'honneur 1963

Commandeur de l'Ordre national du mérite 1974

Croix de guerre TOE et Valeur militaire

Médaille de l'Aéronautique

Médaille des Evadés


Décoration Allemande

Gross Verdienst Kreuz 1975


Distinction Allemande

Le Prix Eric Warburg remis le 25/06/98 à Berlin à l'occasion du cinquantenaire du début du pont Aérien de Berlin. Ce prix s'adressait à l'ensemble des vétérans français du pont aérien de Berlin dont le Colonel Degen était responsable à ce moment là.

R. DEGEN avec son équipage. 1948. (700 h de vol en 14 mois.) Après le retour en France de R.Degen, en juillet 48, tout l'équipage disparaîtra au cours d'une mission sur Nasan, le 20/7/48, en s'écrasant à 50 m du sommet du Bavi, montagne au sud de Hoa Binh, sur la Rivière Noire.

Photo RD

Printemps 1954, Remise da la Croix de Chevalier de la Légion d'Honneur, sur la base aérienne d'Orléans-Bricy.

Photo RD

Avril 1960: rencontre avec l'Abbé Pierre, à BENI ABBES,  près de la tombe du Père de Foucault. Photo RD

Accueil du Président des USA, Richard NIXON, sur la Base aérienne de Berlin Tegel, lors de sa visite à Berlin à la fin de l'automne 1968. Photo RD

Fin 1973: Réception à l'Ambassade de France à Bonn Bad Godesberg,  à l'occasion de la remise de la cravate de Commandeur de la Légion d'Honneur au Général Steinhoff, commandant de la Luftwaffe. Photo RD

1974: Remise de l'insigne de Senior Pilot par le Général Rall, commandant la Luftwaffe. Photo RD

26 juin 1998: Cinquantenaire du Pont aérien de Berlin., où se trouvent, assis à droite et à gauche de l'orchestre; l'ensemble des Présidents des vétérans du Pont aérien. (26 juin 48 - 19 mai 49)

Les présidents des vétérans américains,anglais, canadiens, français, sud africains et néo zélandais ovationnées par les 800 personnes (autorités allemandes et représentants des pays alliés)

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