1945

Je me suis penchée sur cette période absolument méconnue de l'Histoire: l'occupation française en Autriche. Il s'agissait pour les Alliés (l'Autriche était divisée en quatre secteurs, Russe, Anglais, Américain et Français) d'aider l'Autriche exsangue à se reconstruire dans la démocratie, à dénazifier l'administration, à rétablir les voies de communications, à organiser son ravitaillement en vivres et matériels. Cette période d'occupation, qui ne devait pas excéder quelques mois, dura en réalité presque 10 ans. En effet, il apparut très vite qu'il fallait protéger l'Autriche contre un autre danger: l'impérialisme soviétique qui cachait maladroitement sa volonté d'annexer l'Autriche, comme il l'avait fait déjà en Hongrie, Tchécoslovaquie, Roumanie, Pologne, Allemagne orientale…

UNE HISTOIRE PASSIONNANTE ….

Le Lieutenant Colonel WAITZENEGGER commandant la Compagnie du Génie 152 certifie que le Caporal Chef LEON Robert a participé avec le régiment aux campagnes de France, d'Allemagne et d'Autriche pendant lesquelles il a servi avec honneur et courage.

Le 152° Régiment du Génie cité à l'ordre du Corps d'Armée….. A réalisé au cours de ces neuf mois d'opérations, sous les commandements du Lieutenant-colonel BASSET, mort au Champ d'Honneur le 30 janvier 45 à CERNAY et du Lieutenant-Colonel THUAIRE, une somme considérable et ininterrompue de travaux au profit des Unités du 1° Corps d'Armée….

P.C. le 12 juillet 1945, Général De Lattre de Tassigny

Mon père, toujours chauffeur du Lcl THUAIRE, stationna à HARD AM BODENSEE puis à BLUDENZ en Autriche de fin avril à fin décembre 1945. Je suis entrée en contact avec des archivistes autrichiens qui ont effectué bien aimablement et avec mille formules d'encouragement ou d'amitié des recherches pour moi. Alors...

« VIVE l'EUROPE !! »

Une visite au Service Historique de l'Armée de Terre à Paris m'a permis d'en apprendre davantage .

Mais il y a autre chose:

Mon père s'était fait un ami dans le village du Vorarlberg où il stationnait, Hard am Bodensee, ! Oui, un ami autrichien, un ancien combattant de la Wehrmacht... qui partagea son amitié jusqu'en 1980 ! Nos familles se sont rendu visite au fil du temps, en 1964, en 1972, en 1975… une belle histoire d'amitié, mais qui restait pour moi mystérieuse… comment mon père pouvait, sans parler l'allemand, avoir connu une si fidèle amitié ?

Je sais tout depuis mon voyage en Autriche d'Août 2005 !

Une belle histoire relatée dans mon livre...

« Autriche, pays ami ! »

Mon aventure est bientôt terminée. Je vais passer 6 mois en Autriche, au volant d'une Mercedes 320 lang, et puis, un jour de décembre 45, je rentrerai à Paris, après 3 ans d'absence.

Extrait: « Durant la traversée de l'Allemagne, le régiment avait été dispersé, au gré des besoins exprimés par les différentes divisions en marche. Désormais installés à Hard, regroupés, apaisés par la fin de la guerre, nous allions peu à peu tisser de nouveaux liens. »

Extrait de mon « Ma dernière Vie »:

« Cette vie de caserne, certes entrecoupée de cérémonies grandioses, aurait en effet été bien monotone sans la belle amitié que je partageais désormais avec une famille autrichienne, la famille Dörler. »

(…) « Il me sembla ce soir-là que je faisais désormais partie de la famille. A dire vrai, cette amitié naissante fondée sur ce que je peux appeler aujourd'hui une affection réciproque me réchauffait le cœur. Moi qui avais quitté mes proches depuis si longtemps, qui avais traversé un immense océan de violence, retrouvais dans cette paisible demeure un peu de la tendresse qui me manquait tant. »

(…) »Comme ils aimeront le dire bien plus tard, nous vivions « comme une famille », nous partagions, échangions, et passions de formidables moments ensemble ! La confiance régnait. Aussi, l'irascible voisin ne se manifesta plus jamais. »