Le 152e Régiment du Génie

Je possède un Livret Souvenir relatant les grands évènements relatifs au 152e régiment du Génie. J'ai consulté au SHAT quelques JMO.
Voici un historique succinct de ce régiment issu du 34e bataillon du Génie.

Le 152e Régiment du Génie est crée le 1er avril 1944 à Castiglione, près d'Alger, sous le commandement du Lieutenant-colonel Basset. En sus des éléments Européens et Indigènes du 34e Bataillon du Génie de Tunisie, il a été formé par des Européens venus d'Algérie et du Maroc (COG 35 et COG 37). Parmi les Européens se trouve un groupe important d'Evadés de France et d'originaires de Saint Pierre et Miquelon.

La plage de la Foux, à St Tropez

Après une période d'instruction sur le matériel américain, le 152e RG traverse la Méditerranée sur le Joel Harris, le Georges Mathews, le James Parker et l'Oberon, pour débarquer dans le golfe de St Tropez le 30 août 1944. Le 152e RG est mis à la disposition du 1er Corps d'armée, avec qui il fera toute la campagne.

Dès le 3 septembre, relevage des ponts sur la Durance
(pont Mirabeau) et sur l'Arc, au sud d'Aix en Provence. Le 11 septembre, premier contact avec l'ennemi à L'Isle sur le Doubs.
D'octobre 1944 à février 1945, il participe aux batailles de Belfort et de Mulhouse puis de Colmar, avec les 2e DIM, 9e DIC et 4e DMM : construction de plus de 70 ponts et passerelles, pose de mines, abatis, aménagements de blockhaus, rétablissement des communications et pistes, opérations de déminage.


Le colonel Thuaire prend le commandement du régiment le 19/2/45, après la mort tragique du lieutenant colonel BASSET, à Cernay (68).
Déminage intense des routes, constructions de nombreux ponts. Le 1er Bataillon est détaché au 2e Corps d'armée du 20 mars au 20 avril 1945, pour les opérations de franchissement du Rhin.


Le régiment est réuni pour la manœuvre de Stuttgart puis rétablit les grands axes pour le 1er CA, notamment le pont de Kembs sur le Rhin et les ponts sur les cours d'eau de la Forêt Noire, en direction de l'Autriche, en coordination avec la 4e DMM et les 1re et 5e DB.


Le 152e RG pénètre en Autriche début mai 1945 et travaille à la reconstruction des voies de communication, de Lindau à Innsbruck. Il fut cité à l'Ordre du Corps d'Armée, le 12 juillet 1945, par le général de Lattre de Tassigny.


Le Pont de Mirabeau à St Paul les Durance.

Le terrible hiver 44 en Alsace

La mort du Colonel BASSET, extrait de « Ma dernière Vie  », d'après le JMO du régiment, SHAT, Vincennes.

30 janvier 1945, Cernay
Le lieutenant-colonel Basset, son second, le chef de bataillon Feuvrier, leur officier de liaison, le lieutenant Schaaf et leur chauffeur, s'étaient rendus en mission de reconnaissance près du pont sur la Thur pour vérifier personnellement l'état de l'ouvrage. Deux camions allemands visiblement abandonnés stationnaient sur le pont. Le colonel et son second s'avancèrent. A trente mètres de là, des ennemis dissimulés sur l'autre rive les laissèrent s'approcher avant d'ouvrir le feu. Le colonel et le chef de bataillon, grièvement blessés parvinrent à se traîner à l'abri des camions abandonnés et crièrent leurs instructions au lieutenant Schaaf. Ce dernier tenta de leur porter secours. Feuvrier refusa toute assistance, demandant que le colonel soit secouru en priorité. Le colonel, se sachant perdu, donna l'ordre formel à Schaaf de retourner au PC pour donner l'alerte. Une mission de sauvetage fut envoyée, comprenant un médecin et deux brancardiers. A leur arrivée, ils essuyèrent une nouvelle rafale ennemie, le médecin fut blessé, un des brancardiers tué. Ce n'est que tard dans la nuit que le lieutenant Schaaf vint personnellement accompagner une ultime mission, celle de ramener les corps des trois hommes. Le colonel Basset était un ancien de la campagne de Tunisie, nommé trois fois à l'ordre du corps d'Armée. Le chef de bataillon Feuvrier n'était au 152e régiment du Génie que depuis trois jours.

En mars et avril 1945, le 152e régiment du Génie stationne en Alsace pour reconstruire les infrastructures routières, réparer les voies ferrées, les pistes d'atterrissage, relever les ponts effondrés, rétablir les communications et remettre en, service le barrage hydroélectrique de Kembs. Il participe ensuite à l'entrée en Allemagne au côté des 1e et 5e DB, des 4e DMM et 2e DIM. Fin avril, il est aux portes de l'Autriche.

Avril 45, le passage du Rhin

Extrait de « Ma dernière Vie »,

« 4 mai 45, Un matin, nous sortons de la forêt profonde du Wurtemberg pour découvrir un panorama de carte postale. Devant nous brille le lac de Constance, et l'horizon scintille de neiges éternelles. L'Autriche se dresse devant nos yeux. Les pics étincelants du Tyrol seront-ils mon ultime étape ?
Depuis le Rhin, les routes sont jonchées de débris, de véhicules abandonnés, de chevaux errants. Quelques stupides barricades tenues parfois par des enfants qui portent des uniformes trop grands pour eux, tentent de ralentir notre allure. Nous traversons Tuttlingen, Pfullendorf, Ravensburg et Wasserburg, où nous logeons, l'état-major et les chauffeurs, dans la somptueuse villa Gwinner. 
»

26 janvier 2007