1945  de l'ALSACE à l'AUTRICHE

5 novembre

Les Vaincus seront les vainqueurs, de JC. Notin

Les premiers jours de mai 1945… l'ultime défi de la 1e Armée française

Extrait de « Ma dernière Vie »

« (…) en chemin nous récupérons aussi du matériel. C'est ainsi qu'un soir arrive au PC un capitaine et son chauffeur, tout excités, au volant d'une BMW 327. Ils ont découvert cette superbe voiture, propre et entretenue, réservoirs d'essence et d'huile pleins, cachée sous une bâche dans une écurie, lors d'une mission de reconnaissance. L'arrogance des vainqueurs a fait le reste. Ils en ont exigé les clefs et ont pris sans tarder la route du PC, débordants d'une joie tonitruante. Après quelques réticences dues à son sens profond de la rigueur, le colonel Thuaire se laisse finalement convaincre par le capitaine et accepte le « cadeau ». La Salmson est en bout de course, l'occasion est trop belle pour la laisser passer. Dès le lendemain, me voici au volant d'une berline allemande !

En fait, nous récupérions de tout et de rien au hasard de notre route. Des années de pénurie, de privations et d'égarement avaient fait de nous des pillards. Ainsi, passant à Trossingen à proximité de la manufacture d'instruments Hohner, nous avons pratiquement tous chapardé un accordéon, dans l'usine éventrée et abandonnée. Un trésor qui allait nous suivre désormais dans notre errance et dont nous essayions vainement de tirer quelques airs d'avant-guerre. »

Une curieuse histoire de BMW 327, relatée ici, sur le site BMW Club de France



A lire sur cette période

La bataille pour l'Autriche, du général Béthouart, (ci dessous)

(…) « Un matin, nous sortons de la forêt profonde du Wurtemberg pour découvrir un panorama de carte postale. Devant nous brille le lac de Constance, et l'horizon scintille de neiges éternelles. L'Autriche se dresse devant nos yeux. Les pics étincelants du Tyrol seront-ils mon ultime étape ? »

« Vingt-quatre ans. Un anniversaire à Lerida, un autre en Tunisie, le troisième en Autriche. Parti de Paris il y a deux ans et demi, jusqu'où me faudra-t-il donc aller pour voir la fin de cette fichue guerre ? »

(…) « Mais un autre symbole borde les routes : depuis son entrée en Autriche, le 29 avril, le général Béthouart a fait disposer d'élégantes pancartes de bois peint sur le trajet de l'Armée française. On peut y lire : « Ici l'Autriche, pays ami », parfois sous-titré de la traduction : « Hier ist Österreich, ein befreundetes Land ». Les Autrichiens y virent une offensive de charme, ce qu'elle était aussi. »

« Le 29 avril, les troupes du 1er Corps d'Armée du général Béthouart entrent en Autriche, par Lindau et la rive est du lac de Constance. A l'opposé, les Soviétiques occupent toute la partie orientale du pays, dont Vienne, la capitale. Les Américains sont à Salzburg, au Nord, et les Britanniques, venus d'Italie, occupent le Sud.

L'Autriche, rayée de la carte d'Europe par Hitler depuis 1938, est exsangue : sept ans d'occupation allemande, sept ans d'exploitation de son fleuve, le Danube, de ses champs pétrolifères et de son industrie prospère, sept ans d'infiltration par des éléments nazis, de résistance pour des maquisards traqués par la Gestapo, et, pour sa jeunesse, sept ans d'enrôlement de fait dans la Wehrmacht, principalement sur le front russe.

Dès l'arrivée de nos troupes, les Résistants du « Widerstand » apportent aux Français une aide très appréciée, en guidant les unités dans les montagnes ou en s'emparant de vive force du pouvoir civil, comme à Bregenz.

Lorsque nos hommes, victorieux de ces ultimes combats, pénètrent le 1er mai dans le pays, ils sont accueillis en libérateurs par les Autrichiens. »

LIEN VERS LE 152e REGIMENT DU GENIE